Bruno Fernandes, joueur de la saison de Manchester United : un leader irremplaçable dans la tourmente

S’il fallait désigner un homme qui a évité à Manchester United de sombrer totalement cette saison, ce serait sans hésitation Bruno Fernandes. Dans une équipe en crise, affaiblie et irrégulière, l’international portugais a été l’exception. Le capitaine, plus que tout autre joueur, a porté le club à bout de bras, démontrant une fois de plus qu’il est bien plus qu’un simple meneur de jeu.

Sans lui, une saison catastrophique

Il suffit de regarder les statistiques pour mesurer l’impact du joueur portugais. En enlevant ses buts et passes décisives de l’équation dans toutes les compétitions, huit victoires de Manchester United se seraient transformées en matchs nuls, et huit nuls en défaites. Le bilan global passerait alors de 23 victoires, 17 nuls et 20 défaites à seulement 15 victoires, 17 nuls et 28 défaites. Autrement dit, un effondrement sportif presque total.

Dans cette réalité alternative, United aurait tout juste atteint les phases finales de la Ligue Europa, et aurait frôlé la relégation en Premier League. Le club aurait terminé à la 17e place, avec 10 points de moins, n’assurant son maintien qu’à deux journées de la fin. Cela donne une idée claire de la dépendance presque inquiétante du club envers son capitaine.

Incomparable sur et en dehors du terrain

Imaginer United sans Fernandes n’est pas aussi simple que de le remplacer poste pour poste. Ce que le joueur apporte dépasse largement les simples statistiques. Bruno Fernandes est irremplaçable parce qu’aucun autre joueur du club – et probablement très peu dans la ligue – ne possède à la fois ses qualités techniques et son intelligence émotionnelle. Dans une saison marquée par la souffrance, il a été l’élément stable, le joueur capable de faire la différence quand l’équipe sombrait.

L’entraîneur portugais Ruben Amorim l’a résumé avec justesse : « Nous avons besoin de plus de Brunos. » Cette phrase prend encore plus de sens après une campagne aussi chaotique que celle vécue par Manchester United.

Un début difficile, mais une montée en puissance

Pourtant, tout n’a pas été parfait. En début de saison, Fernandes a lui aussi essuyé les critiques. Son expulsion lors d’un lourd revers 3-0 face à Tottenham en septembre a été annulée, mais il a ensuite reçu un carton rouge incontestable lors du match nul 3-3 à Porto. Pire encore, il n’avait inscrit aucun but lors des 11 premiers matchs, et ses passes décisives provenaient d’oppositions peu prestigieuses : Southampton, Barnsley ou le Community Shield.

Face aux doutes, Erik ten Hag, alors entraîneur en poste, gardait confiance : « Je suis convaincu qu’il retrouvera son niveau. Il crée déjà des occasions, il finira par marquer. » Il avait raison, même s’il ne sera pas resté en place pour en être témoin.

Fernandes a d’ailleurs reconnu ses torts en s’excusant auprès de Ten Hag pour ne pas avoir suffisamment contribué à maintenir l’entraîneur en poste. Son réveil coïncide avec l’arrivée de Ruud van Nistelrooy comme intérimaire : le déclic.

Des chiffres impressionnants

Depuis ce tournant, Bruno Fernandes a brillé. Avec 19 buts et 18 passes décisives toutes compétitions confondues, il réalise sa deuxième meilleure saison statistique sous le maillot mancunien. Même en retirant les penalties, ses 30 contributions directes aux buts se rapprochent de ses meilleures performances de 2020-2021.

Plus impressionnant encore : près des trois quarts de ses interventions offensives ont changé le cours des matchs, soit en permettant à United d’égaliser, soit en les plaçant en tête. Il est le joueur ayant inscrit le plus de buts décisifs depuis son arrivée au club. Aucun joueur de Premier League n’a créé plus d’occasions que lui cette saison — un exploit qu’il répète pour la troisième année consécutive. Et avec 4 927 minutes jouées, il est le joueur le plus utilisé par United.

Un capitaine au sens humain affirmé

Mais ce qui distingue Bruno Fernandes, c’est aussi ce qu’il fait en dehors du terrain. Lorsque le club a annoncé qu’il ne couvrirait pas les frais des employés pour la finale de la FA Cup la saison passée (billets, transports, hébergement), Fernandes a proposé de payer lui-même.

Il a organisé un événement de cohésion interne — soirée bowling et dîner brésilien — pour les joueurs et le staff, entièrement financé de sa poche. Et lorsqu’en décembre dernier, Joshua Zirkzee a été hué par les supporters après une mauvaise performance, Fernandes, alors suspendu, est descendu des tribunes pour le consoler et l’aider à sortir du vestiaire. Une attitude de leader, rare dans le football moderne.

Un avenir incertain

Pourtant, malgré sa loyauté, l’avenir de Fernandes est incertain. Il a refusé des offres l’an passé et prolongé jusqu’en 2028, mais l’intérêt concret d’Al Hilal, en Arabie Saoudite, le fait réfléchir. Il aurait reçu une offre triplant son salaire. Après la défaite en finale de Ligue Europa, il a déclaré qu’il serait prêt à partir si le club choisissait de vendre.

S’il part, United récupérera probablement 80 millions de livres sterling, mais perdra son joueur le plus influent de la décennie. S’il reste, il y a fort à parier qu’il sera de nouveau élu joueur de la saison dans un an — ce qu’il espère justement éviter, déclarant que cela signifierait qu’un autre a enfin pris le relais.

Conclusion : et s’il y avait eu plus de Brunos ?

Bruno Fernandes incarne ce que Manchester United a désespérément manqué cette saison : du leadership, de la régularité, du courage, et une compréhension du club au-delà du terrain. La vraie question n’est pas ce que United aurait été sans lui — on le sait déjà —, mais ce qu’il aurait pu être avec davantage de joueurs comme lui.