Un tribunal espagnol a rendu un verdict sans précédent dans la lutte contre le racisme dans le football. Cinq supporters ont été condamnés pour crime de haine après avoir proféré des insultes racistes à l’encontre de Vinicius Junior, attaquant du Real Madrid, lors d’un match de Liga contre Valladolid en décembre 2022.
Première reconnaissance judiciaire d’un crime de haine en tribune
Le tribunal provincial de Valladolid a condamné les cinq accusés à des peines de prison avec sursis, assorties d’une amende allant de 1 080 à 1 620 euros. Surtout, il s’agit de la première fois en Espagne qu’un comportement raciste en tribune est reconnu comme un crime de haine par une juridiction pénale.
Pendant la rencontre remportée par le Real Madrid (2-0), Vinicius, alors âgé de 22 ans, avait été la cible de chants racistes provenant d’une partie du public. Un objet avait également été lancé dans sa direction, que le Brésilien avait renvoyé dans les tribunes avec agacement.
Des peines symboliques et dissuasives
En échange de la suspension des peines de prison, les cinq supporters devront respecter plusieurs conditions strictes :
- Interdiction de stade pendant trois ans pour toutes les compétitions officielles en Espagne,
- Interdiction d’exercer dans le sport ou l’éducation pendant quatre ans,
- Engagement à ne pas récidiver pendant la période de sursis.
Un tournant dans la lutte contre le racisme dans le football espagnol
La Liga, qui avait porté plainte à l’origine, s’est félicitée de ce jugement inédit :
« Cette décision judiciaire représente une étape sans précédent dans la lutte contre le racisme dans le sport en Espagne. Jusqu’à présent, les décisions judiciaires traitaient ces comportements sous l’angle d’atteintes à l’intégrité morale avec une circonstance aggravante raciale. Cette fois, il s’agit explicitement d’un crime de haine. Cela renforce le message selon lequel l’intolérance n’a pas sa place dans le football. »
Vinicius, cible récurrente d’actes racistes en Espagne
Depuis son arrivée en Espagne, Vinicius Junior a été confronté à de nombreux incidents racistes. D’après une enquête de The Athletic publiée en octobre 2024, La Liga a recensé 24 incidents dirigés contre lui sur les trois années précédentes, sur 10 stades différents du pays.
Parmi les faits les plus marquants :
- En janvier 2023, un effigie à son effigie avait été pendue à un pont près du centre d’entraînement de Valdebebas,
- En mai 2023, il avait été pris à partie par des centaines de supporters à Valence, avant même le coup d’envoi,
- En mars 2023, Vinicius avait exprimé publiquement l’impact psychologique profond que ces attaques racistes avaient sur lui.
Un signal fort, mais insuffisant ?
Si ce jugement marque un tournant juridique important, la persistance des actes racistes dans le football espagnol montre qu’il reste beaucoup à faire, tant sur le plan disciplinaire qu’éducatif.
Vinicius, malgré ses critiques ouvertes envers l’inaction des institutions, continue de porter cette cause avec courage, devenant un symbole mondial de la lutte contre le racisme dans le sport.
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