Ange Postecoglou l’avait promis, et il l’a fait. Le technicien australien a offert à Tottenham Hotspur son premier titre depuis 17 ans, et son premier trophée européen depuis plus de quatre décennies. Une victoire aussi tendue que précieuse, acquise contre Manchester United dans une finale au contenu brouillon, mais à la charge émotionnelle immense.
Une victoire laide, mais un trophée quand même
Brennan Johnson est officiellement crédité du but de la victoire – un cafouillage dans la surface de Manchester United, conclu dans les filets via la poitrine de Luke Shaw. Une action à l’image du match : chaotique, tendue, sans éclat. Mais l’essentiel est là : les Spurs ont gagné. Peu importent les chiffres – 27,7 % de possession, 3 tirs, seulement 115 passes complétées (des records de faiblesse pour une finale européenne depuis qu’Opta compile les données en 2010) – Tottenham a tenu, souffert, puis exulté.
Et Postecoglou, fidèle à sa réputation, a une nouvelle fois remporté un titre lors de sa deuxième saison à la tête d’un club, comme il l’a toujours fait dans sa carrière. Peut-être s’agit-il de son “mic drop moment”, comme l’a qualifié Brennan Johnson. Car malgré cette réussite, son avenir au club reste incertain.
Manchester United : une saison noire qui se termine en larmes
Pour Rúben Amorim, la soirée est le cruel symbole d’une saison ratée. United a multiplié les imprécisions, s’est montré inoffensif et n’a pas su forcer le destin. Højlund a vu son coup de tête sauvé in extremis sur la ligne par Micky van de Ven, Luke Shaw a buté sur Vicario, et Garnacho a terminé le match en larmes, inconsolable.
À l’image de Bruno Fernandes ou Casemiro, les cadres n’ont pas répondu présent. Manchester United est désormais hors des compétitions européennes pour la deuxième fois en 35 ans, et lutte pour éviter la honte d’un classement catastrophique en Premier League.
Le triomphe d’un style… ou d’un contre-style ?
Tottenham a été méconnaissable par rapport au jeu ambitieux prôné par Postecoglou. Mais cette finale prouve que les Spurs peuvent aussi gagner autrement, en défendant un score et en acceptant la souffrance. Avec leur défense type enfin alignée, renforcée par Kevin Danso en fin de match, ils ont résisté aux assauts maladroits de United.
Son Heung-min, en larmes au coup de sifflet final, a incarné cette délivrance. Une émotion partagée avec les supporters venus de toute l’Europe — certains ayant voyagé depuis Porto, Plzeň, Milan, Istanbul ou même Marrakech — par avion, train, bateau, camping-car… et 174 jets privés.
Et maintenant, que sera, sera ?
Malgré l’incertitude qui entoure son avenir, Postecoglou savoure l’instant. Interrogé sur la suite, il a répondu avec le détachement d’un homme comblé :
“Je n’ai rien planifié, aucun rendez-vous, aucune discussion. Ce que je sais, c’est que je vais rentrer à l’hôtel, retrouver ma famille et mes amis, ouvrir une bonne bouteille de scotch, puis me préparer pour une grande parade vendredi. Ensuite, dernier match contre Brighton, et on veut finir fort. Puis lundi, je pars en vacances avec ma belle famille, parce que je l’ai bien mérité. Que sera, sera.”
Pour Tottenham, c’est peut-être le début de quelque chose. Ou le dernier acte d’un cycle court mais victorieux. Pour United, c’est la fin d’une saison qu’on voudra vite oublier. Mais pour Postecoglou, c’est une promesse tenue. Et c’est tout ce qui compte.